Originaire de l’Oise, la famille d’André Masson s’installe à Lille où le petit-garçon fait sa première rencontre avec la peinture, au musée des beaux-arts de la ville. Mais c’est à Bruxelles où la famille vit ensuite, que débute son apprentissage. Dans l’atelier de Constant Montald, à l’Académie des beaux-arts, il connait le poète belge Emile Verhaeren, qui décide ses parents à l’envoyer à Paris, sur sa recommandation.
Souhaitant étudier la fresque, il intègre ainsi l’atelier de Paul Baudouin aux Beaux-Arts de Paris et fréquente assidûment le Louvre et le musée du Luxembourg. Il obtient une bourse de voyage pour aller étudier la peinture monumentale en Toscane où il se rend avec son camarade Maurice Loutreuil.
La guerre éclate et Masson s’engage dans l’infanterie. Il est gravement blessé au cours de l’offensive du Chemin des Dames et fait de longs séjours à l’hôpital. À la fin de la guerre, il rejoint Loutreuil près de Martigues et passe quelques mois dans un cabanon abandonné de l’étang de Berre, où il commence réellement à peindre.
Puis il se rend à Céret où il séjourne entre 1919 et 1920, vivant au jour le jour, une vie de bohème. Il y peint de nombreux paysages inspirés de la puissance cézanienne et fait la connaissance d’Odette Cabalé qu’il épouse en février 1920. Le couple donne naissance à une fille, Lily, et s’installe à Paris, dans le quartier de Montmartre où Masson cumule de petits emplois alimentaires : livreur de verrerie, décorateur céramiste, correcteur d’imprimerie… Mais il va bientôt pouvoir se consacrer à la peinture grâce au contrat qu’il vient de signer avec la galerie Kahnweiller.
Les années 1930 : surréalisme, massacres, tableaux de sable
À partir de 1923, il loue un atelier rue Blomet, dans le XVème arrondissement, que fréquentent régulièrement Artaud, Leiris, Limbour et Miro (son voisin) mais aussi Ernest Hemingway, Roland Tual, Armand Salacrou, Antonin Artaud, Robert Desnos, Gertrude Stein, Max Jacob. Il fait également la connaissance d’André Breton et d’Aragon.
En février 1924, sa première exposition personnelle a lieu à la Galerie Simon (Kahnweiller).
La même année, il entre dans le groupe surréaliste qui vient de se former et développe les premiers dessins automatiques.
Au printemps 1926, le peintre s’installe à Sanary-sur-mer et y crée ses premiers tableaux de sable. Il y reste une année puis retourne à Paris, après avoir voyagé en Hollande et en Allemagne.
L’année 1928 marque une rupture pour le peintre, à la fois dans sa vie et dans sa pratique : d’une part il s’éloigne progressivement du groupe surréaliste et d’autre part, il divorce d’Odette.
Il découvre par le biais de l’écrivain Kino Matsuo la doctrine zen et le bouddhimse, qui vont beaucoup l’influencer.
Il travaille dans les abattoirs de La Villette puis dans ceux de Vaugirard, en tire des oeuvres qui montrent la souffrance de manière très crue et s’intéresse plus largement au destin des animaux, qui devient l’un de ses thèmes de prédilection.
En 1932, il passe l’année entière dans le Sud de la France, près de Grasse et fréquente régulièrement Matisse. Il réalise ses premiers décors de théâtre, pour les Ballets Russes.
De retour à Paris à l’hiver 1933, il collabore à la revue surréaliste Minotaure. Il est aussi l’illustrateur attitré de la revue Acéphale fondée par Georges Bataille. Il fait la connaissance de Rose Maklès, soeur de Sylvia Bataille, qui devient sa compagne.
Avec elle, il parcourt à pied l’Andalousie et finit par s’installer à Tossa de Mar. Le couple se marie et accueille son premier fils. Les mythes, la corrida, la violence et la cruauté, qui sont dans l’esprit du peintre intimement liés à l’Espagne, le fascinent. Mais la situation dans le pays devient instable et lorsque la guerre éclate, la famille, qui a accueilli un second enfant, retourne vivre en France.
Installé en Normandie, Masson reprend étroitement contact avec le groupe surréaliste et participe à l’Exposition Internationale du Surréalisme à Londres puis à « Fantastic Art, Dada, Surrealism » au Museum of Modern Art à New-York.
L'exil américain de Masson pendant la Seconde Guerre Mondiale
Fuyant la Normandie sous la pression de l’avancée allemande, Masson et sa famille passent quelques temps en Auvergne chez Georges Bataille avant de rejoindre Marseille, où ils attendent comme d’autres intellectuels et artistes, d’embarquer pour les Etats-Unis grâce à l’intervention de Varian Fry et du Comité de Secours américain.
Après une escale en Martinique, les Masson débarquent à New-York au mois de mai et commencent une vie d’exil qui durera quatre ans. La famille s’installe finalement dans le Connecticut, à New-Preston (Nouvelle Angleterre).
Parmi leurs voisins se trouvent Alexander Calder, Arthur Kemp et Arshile Gorky. Le peintre fréquente aussi André Breton, Marc Chagall, Georges Duthuit, Yves Tanguy…
Le Musée de Baltimore organise une rétrospective de son oeuvre (la première en date) et l’invite à faire une conférence sur les origines du Surréalisme. Masson inspire vivement les jeunes expressionnistes abstraits américains, en particulier Jackson Pollock. En Amérique, il s’attache à une transcription picturale des forces élémentaires, des mystères telluriques. Il est inspiré par les paysages uniques et l’art des Indiens.
L’activité des surréalistes en exil est grande et il y participe. Mais en 1943, le peintre rompt définitivement avec André Breton, puis avec le groupe surréaliste.
Dès 1944, ses peintures deviennent extrêmement « calligraphiques ».
La période asiatique et la période aixoise de Masson
En octobre 1945, Masson peut enfin rentrer en France. Il s’installe d’abord à Paris, puis plus au calme, dans les environs de Poitiers.
En 1947, il s’installe dans le Sud de la France, au Tholonet, près d’Aix-en-Provence.
La campagne d’Aix l’inspire. C’est aussi le début de sa période « asiatique ».
En 1950, une rétrospective de son oeuvre est organisée à la Kunsthalle de Bâle, avec Giacometti.
L’année suivante, Masson se rend pour la première fois à Venise, où il retournera régulièrement.
Dans les années 1950, sa peinture est diversement inspirée, par une évocation insolite du paysage d’une part et, aux antipodes, par un retour à l’observation de la vie citadine. Dans le Paris qui a pu autrefois le séduire, il se replonge, créant la série du « Féminaire » de la rue Saint-Denis et retournant vers les bouchers des Halles. Durant cette période, il écrit également plusieurs articles.
Il se réinstalle à Paris pour une partie de l’année, rue Sainte-Anne d’abord, puis rue Sévigné au début des années 1960. Il est choisi pour peindre la coupole de l’Odéon.
À Marseille, une exposition lui est consacrée au musée Cantini en 1968 et pour les 80 ans de l’artiste, le Museum of Modern Art, New York, le Museum of Fine Arts de Houston et le Musée national d’art moderne de Paris lui rendent hommage.
Masson cesse de peindre au début des années 1980, son état de santé ne le lui permettant plus. Il décède en octobre1987.
André Masson est l’un des peintres les plus importants du XXème siècle.
Son engagement dans le mouvement surréaliste, son expérience américaine et plus généralement son approche singulière de la voie picturale, font notamment de lui l’un des chaînons nécessaires entre la peinture d’avant-guerre et l’art de la seconde moitié du XXème siècle. De son vivant, sa renommée fut très grande, de nombreuses institutions reconnaissant son talent et son apport immense à la peinture.
Fine Arts Paris & La Biennale 2022
13 novembre 2022 - 19 octobre 2022
BRAFA 2022
19 juin 2022 - 26 juin 2022
André Masson.
13 mai 2022 - 15 juillet 2022
masson.
un prophète.
Giulia Pentcheff
Année de parution | 2022 |
---|---|
Nombre de pages | 144 |
Format | 21 x 21 cm |
ISBN | 9791094462126 |
masson, un prophète
Giulia Pentcheff
Année de parution | 2022 |
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Nombre de pages | 144 |
Format | 21 x 21 cm |
ISBN | 9791094462126 |
masson, un prophète
Giulia Pentcheff
Année de parution | 2022 |
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Nombre de pages | 144 |
Format | 21 x 21 cm |
ISBN | 9791094462126 |