PUBLICATIONS

Catalogue d'exposition à la Galerie Alexis Pentcheff du 13 mai au 15 juillet 2022

André Masson est l’un des peintres les plus importants du XXème siècle. Son engagement dans le mouvement surréaliste, son expérience américaine et plus généralement son approche singulière de la voie picturale, font notamment de lui l’un des chaînons nécessaires entre la peinture d’avant-guerre et l’art de la seconde moitié du XXème siècle.

De son vivant, sa renommée fut très grande. Pourtant, notre génération l’a un peu oublié... À la lumière du XXIème siècle, qui est désormais le nôtre, il semble que nous soyons mieux placés que jamais pour appréhender son oeuvre, particulièrement depuis que nous avons vécu le tournant des années 2020. Les thèmes qui lui sont chers ont pris dans nos vies de nouvelles résonances.

Peintre « sage » plus qu’intellectuel ou érudit, André Masson enrichit sa vie comme sa peinture de ses lectures, notamment philosophiques, pour tenter de saisir l’ordre bouillonnant d’un univers où il vécut dans sa chair la violence de deux guerres. En ce sens, sa peinture est un enseignement.

Peintre poète, il exprime au travers de l’image plus qu’une réalité et sa peinture se fait vibration directe des forces de la nature dont il est le médium.

Masson nous éveille, nous décille, comme d’autres, Sade, Novalis ou Nietszche par exemple, ont tenté de le faire avant lui, à leur manière. Il nous aide à accepter les bouleversements de notre temps, à penser le monde d’aujourd’hui, à accepter de voir la violence que nous cachions à nos yeux et qui n’a pourtant jamais cessé d’habiter les êtres humains que nous sommes, depuis la nuit des temps, à la fois élan et pur sabotage.

Voilà le monde cru, nous dit Masson, sans travestissement, celui auquel nous appartenons quoi qu’il en coûte, ce monde à la fois immuable et en perpétuel mouvement, par l’effet des mêmes forces qui le sous-tendent.
Le voile est levé, tout n’est que métamorphose.

Masson devrait apparaitre clairement comme un pourfendeur de faux- semblants, un visionnaire, capable de partager ses fulgurantes clairvoyances. Il devrait nous apparaitre comme celui qui, de sa main, écarte les rideaux, non pour découvrir la scène du spectacle mais pour révéler ses dessous insoupçonnés, l’envers du décor. Celui qui nous tend la main, nous offre sa mythologie salutaire, qui n’est rien d’autre qu’une fenêtre ouverte sur l’âme humaine. En un mot, Masson devrait nous apparaitre comme un prophète.