Charles-Edouard Jeanneret, dit Le Corbusier, naît le 6 octobre 1887 à La Chaux-de-Fonds en Suisse. Il suit dès 1900 une formation de graveur-ciseleur au sein de l’école d’art locale puis in- tègre le cours supérieur de décoration auprès de Charles L’Eplattenier en 1904, qui l’orientera ensuite vers l’architecture.
Le premier choc artistique que vit Le Corbusier s’opère en 1907, lors d’un voyage en Italie du- rant lequel il découvre la Chartreuse d’Ema à Galluzzo et déclare « J’ai pensé ne pouvoir jamais rencontrer une interprétation si radieuse de l’habitation [...] L’organisation harmonieuse de l’individuel et du collectif y est résolue dans la joie, la sérénité et l’efficience». De cette ren- contre naît chez l’artiste une profonde fascination pour l’espace générique de la boîte, plus tard illustré par la « cellule ».
Après de nombreux voyages, Le Corbusier s’installe à Paris en 1917 puis rencontre le peintre Amédée Ozenfant en 1918 par l’intermédiaire d’Auguste Perret. L’année suivante ils fondent ensemble la revue l’Esprit nouveau et développent de multiples théories picturales définissant le purisme, mouvement artistique héritier du cubisme, prônant une esthétique harmonieuse déployée par la simplicité des formes géométriques. Le premier article de la revue dédié à l’ar- chitecture est signé Le Corbusier - pseudonyme que Charles-Edouard Jeanneret gardera tout au long de sa carrière d’architecte.
En 1922, Le Corbusier ouvre un studio rue de Sèvres à Paris avec son cousin, l’architecte et concepteur de meubles Pierre Jeanneret. De ses articles et ses rencontres, Le Corbusier ima- gine un nouveau vocabulaire architectural largement influencé par son obsession pour les sciences et les nouvelles technologies : « la machine à habiter » (la maison), « l’équipement de la maison » (les meubles) et « la machine de repos » (le siège).
Le « Pavillon de l’Esprit Nouveau », prototype d’un projet d’immeuble-villas, présenté à l’occasion de l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs à Paris en 1925, est un véritable manifeste architectural dans lequel l’organisation domestique est entièrement redéfinie. On y retrouve l’idée de la cellule habitable guidée par l’idéologie puriste et une furieuse volonté créative d’une œuvre d’art totale. Le mobilier imposant en bois est alors remplacé par l’équi- pement métallique, régi par la fonctionnalité et le gain d’espace. Le Corbusier bouscule, provoque, défie les traditions et instaure dès 1927 les cinq piliers de l’architecture moderne : le pilotis, le toit terrasse, le plan libre, la fenêtre en longueur, la façade libre.
Cette même année, l’architecte et urbaniste rencontre Charlotte Perriand qui s’installe dans son atelier jusqu’en 1937. Ils présentent aux côtés de Pierre Jeanneret les premiers meubles issus de leur collaboration, édités par Thonet Frères, au Salon d’Automne de 1929. Considé- rablement engagé sur la scène internationale, Le Corbusier est en 1928 un des membres fon- dateurs du Congrès International d’Architecture Moderne (CIAM) dont la première édition se tient à La Sarraz, en Suisse.
Entre 1929 et 1945, les nombreuses crises économiques et sociales liées au contexte politique instable de la France et de l’Europe donnent naissance à de nouvelles problématiques de concentration urbaine. Face à ces nouvelles contraintes, la force créatrice de l’architecte, du designer, mais aussi du peintre et dessinateur se révèle dans une production qui se détache progressivement du purisme au service d’un style plus personnel, guidé par la notion d’ordre, de cohésion et d’utopie sociale.
Le principe du « Modulor », aboutissement de longues années de recherches sur la spatialité du corps et de l’espace urbain, devient dès la fin de la Seconde Guerre Mondiale la clef de voûte de son œuvre. L’harmonie constructive de l’architecte est alors déterminée par un homme type de 1,83 m ou 2,26 m le bras levé. De son trait, se dessine et se lit la morphogénèse des corps et des objets, régie par la détermination spatiale du Modulor. De la notion de « corporalité » émane également des échelles d’équivalences sensorielles, largement présentes dans son œuvre picturale. L’artiste parle en ce sens de peintures « acoustiques » dont la spiritualité est dévoilée par la symphonie des éléments plastiques. Ce langage invariablement lié au champ lexical de la musique n’est pas sans rappeler sa propension familiale à cette forme d’expression.
Parmi les constructions les plus notables de Le Corbusier, la Villa Savoye (1928-1931) à Poissy est un des premiers témoignages du génie qui lie les deux cousins architectes. La Cité Ra- dieuse, construite à Marseille en 1952, représente un des fleurons de l’architecture moderne au sein du paysage méditerranéen. Menée sous l’impulsion d’une commande de Raoul Dautry, ministre de la reconstruction en 1945, l’unité d’habitation marseillaise est imaginée sur le principe d’harmonisation entre l’individuel et le collectif, une des obsessions récurrentes de Le Corbusier depuis sa découverte de la Chartreuse d’Ema. Cette unité a pour but d’apporter un bien-être individuel prodigué par l’aménagement de chaque cellule rigoureusement intégrée au sein d’une structure collective fonctionnelle basée sur le principe d’équilibre et d’épanouissement social.
Le réaménagement de la ville de Chandigarh (1951-1965) en Inde, sous l’initiative de Nehru, est également un des projets les plus ambitieux de Le Corbusier, qu’il réalise de nouveau en collaboration avec Pierre Jeanneret. C’est dans cette « expression de la foi de la nation en l’avenir » que Le Corbusier trouve un projet à la mesure de ses ambitions urbanistiques. C’est aussi le lieu où Le Corbusier conçoit la Main ouverte - symbole idéologique né de la Guerre froide par lequel l’homme donne et reçoit. Elle ne sera construite qu’en 1985 et resta ainsi un combat inachevé.
Charles-Edouard Jeanneret-Gris meurt le 27 août 1965 à Roquebrune-Cap-Martin.
Le Corbusier
9 novembre 2018 - 9 décembre 2018
le corbusier
oeuvres plastiques
Giulia Pentcheff
Année de parution | 2018 |
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Nombre de pages | 67 |
Format | 21 x 21 cm |
ISBN | 9791094462058 |