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Oeuvre indisponible à la vente, elle a été proposée dans le cadre de l'exposition "FAB 2024"

Louis Viennot lisant dans un bois de pins

Huile sur papier calque, cachet de la signature en bas à gauche.
67 x 100 cm

Etude pour Le Travail intellectuel, décor du Conseil d’Etat, avant 1922

Provenance
Famille de l’artiste, par succession

Oeuvre en rapport :
Vieillard en promenade dans une forêt, Etude pour Le Travail intellectuel, décor du Conseil d’Etat, circa 1916, musée des Beaux-Arts de Bordeaux.

Avis d'inclusion dans les archives ayant servi à l'élaboration du catalogue raisonné d'Henri Martin délivrée par Marie-Anne Destrebecq-Martin.

Le promeneur solitaire, étude pour le grand décor du Conseil d’Etat

De hautes futaies s’invitent dans la salle de l’Assemblée générale du Conseil d’Etat. Elles président à l’ouverture de la séance, dans un programme décoratif d’Henri Martin qui alterne sur les murs représentation du travail manuel et figuration du travail intellectuel.

La France agricole, ouvrière, ouverte aux échanges maritimes, se présente ainsi au Conseil qui a la lourde tâche de juger ses lois. Répondant inversement au foisonnement de couleurs et de personnages, à la vie intense qui se dégage des compositions inspirées par les travaux de force (l’Agriculture, le Commerce et les Travaux Publics), le personnage à la longue barbe blanche qui incarne le travail intellectuel chemine tête baissée dans un sous-bois automnal. Avec lui est venu le temps du silence, de la quiétude indispensable à la création intellectuelle, du recueillement. Le travail intellectuel est ainsi envisagé comme une voie sacerdotale.

Cette forêt est une réminiscence de la période symboliste d’Henri Martin, l’ancrage des légendes et des poèmes qui ont longtemps habité ses pensées. La forêt immuable, séculaire, recluse, est un lieu de mémoire. Elle prend ici les tonalités de l’intériorité qui conduit les pas du personnage auprès de ces troncs solides et droits, qui s’élèvent vers les cieux comme des sentinelles de la raison. Viennot, un ami d’Henri Martin qui travaillait à la Bibliothèque Nationale, sert de modèle à cette silhouette à l’aura mystérieuse. 

Une lourde responsabilité pèse sur ses épaules d’expérience. Imperméable aux sollicitations de l’extérieur, il semble en revanche, tout en cheminant solitaire, s’imprégner de la sagesse des arbres, prendre conseil auprès d’eux comme auprès de son livre, en une singulière communion. Dans la version finale du grand décor, les mains du personnage sont croisées dans son dos autour de son livre, renforçant le sentiment d’introspection de la composition.