Dans l'intimité des peintres : René SEYSSAUD
René Seyssaud, regards intimes
Madame Claude Jeanne Sury-Bonnici, historienne de l’art et experte du peintre René Seyssaud, travaille actuellement à la préparation d’une grande exposition consacrée à René Seyssaud, qui se tiendra au Musée des beaux-arts de Nîmes à partir du 10 juillet prochain et jusqu’au 10 janvier 2021, René Seyssaud : la couleur exaltée. Madame Bonnici a choisi ici d’évoquer la vie familiale de l’artiste au travers de ses tendres rapports avec sa fille, Yvonne, qui est aussi la première admiratrice de ses œuvres. Les correspondances du père et de la fille révèlent cette complicité et cet amour commun de la peinture.
Cette photographie immortalise un événement important pour Seyssaud, la naissance de sa fille Yvonne née le 5 septembre 1900 à Villes sur Auzon, suivie quelques mois plus tard par son baptême qui rassemble les proches pour la photographie de famille.Seyssaud et Louise viennent d’emménager dans la propriété « Notre Dame » située au sud de Villes sur Auzon dans un grand parc où le peintre a pu installer son atelier.
L’artiste n’est pas très soucieux de faire baptiser sa fille. C’est sa propriétaire très dévote qui organise la cérémonie avec l’autorisation de l’archevêque dans la chapelle de la propriété. La famille se réunit autour de l’enfant, la jeune maman Louise, et ses sœurs, la mère et la grand mère, et Seyssaud le peintre dans son bel habit. Absent sur la photo le parrain qui est probablement l’opérateur de la photographie. Le parrain d’Yvonne est François Honnorat, courtier en huiles à Marseille, collectionneur, associé et mécène de Seyssaud. Il encourage l’artiste dans sa carrière de peintre en lui garantissant à cette époque, 80 francs de pension par mois, ainsi que 60 francs de pension pour sa mère.
Les muses des arts se penchent ainsi sur le berceau de l’enfant. Yvonne sera choyée par la tendresse de son parrain célibataire et sera la première admiratrice de son père au travail. La petite fille est inscrite au pensionnat de Raphèle les Arles de 1910 à 1916 et sera séparée de ses parents, à l’exception des vacances. L’échange régulier de correspondances entre Seyssaud et sa fille témoigne de liens très tendres et du bonheur d’un partage de considérations autour de la peinture.
Claude Jeanne Sury-Bonnici
Lettre de Seyssaud à sa fille
juillet 1912
Ma petite cigale,
Je suis bien heureux de penser que je vais te voir bientôt et pendant assez longtemps. J'ai passablement travaillé ici, quoique contrarié par le temps. J'avais commencé des tableaux avec une belle lumière à laquelle a succédé un soleil blafard, un temps d'éclypse (sic).
A présent, il fait beau, mais la chaleur est écrasante et me rend malade. J'avais envie d'aller te chercher aux vacances, pour te faire connaître Visan avant de rentrer à St Chamas.
Mais nous sommes ici dans de mauvaises conditions surtout qu'il fait très chaud, que je craindrais que tu ne tombes malade. Nous nous sommes donc décidés à nous en aller pour ne plus revenir avec toi. Il y avait comme tu le prévois beaucoup de beaux types de paysans à peindre ici. Mais je ne ferai pas tout ce que j'aurais voulu…
Je t'embrasse bien
René